Aristotle : l’enceinte connectée de Mattel ne verra pas le jour

Sous la pression, le constructeur américain Mattel a renoncé à produire son enceinte connectée « Aristotle ». Destinée aux enfants, elle a cristallisé les craintes autour de l’intelligence artificielle mais surtout des données personnelles et leur utilisation. 

« On ne peut jamais s'acquitter envers ses parents », écrivait Aristote dans Éthique à Nicomaque. L’histoire, plus contemporaine, de l’enceinte connectée de Mattel tend à lui donner (encore une fois) raison. Car plusieurs organisations américaines de défense de la vie privée, épaulées par de nombreux parents justement, ont réussi à faire plier le géant des jouets : son enceinte « Aristotle », présentée lors du dernier CES de Las Vegas, ne verra donc pas le jour. 

Le groupe a effectivement « mené un examen complet du produit et a décidé qu'il ne cadrait pas complètement avec la nouvelle stratégie de Mattel en matière de nouvelles technologies », écrit-il à l’AFP. Il renonce donc à surfer sur la vague des assistants intelligents, Echo et autre Google Home, même si son produit devait initialement « aider les parents (...) à protéger leurs enfants, et contribuer à leur développement ».

Des jouets surveillants surveillés

La présence d’une caméra a également éveillé les soupçons des associations ainsi qu’au moins deux parlementaires qui ont estimé qu’un tel appareil portait atteinte à la vie privée et « pouvait exposer les enfants à la publicité, à des pirates informatiques ou autres ». 

Aux Etats-Unis, la FTC (Federal Trade Commission) avait déjà demandé aux fabricants de jouets qu’ils respectent la loi sur la protection de la vie privée numérique des enfants. Le FBI s’était aussi alarmé du fait que la poupée connectée « Hello Barbie » de Mattel conservait trop d’informations et données personnelles. 

Cette histoire nous renvoie à d’autres précédents, comme la poupée Cayla en début d’année, dénoncée par l’UFC-Que Choisir pour ses failles de sécurité et son utilisation (abusive) des données personnelles, puis interdite de vente en Allemagne par la suite. En mars, les « Cloud Pets » avaient laissé fuiter les données personnelles de 800 000 propriétaires d’oursons connectés. En 2015, pas moins de 5 millions de comptes du fabricant de jouets VTech s’étaient retrouvés dans la nature. L’UFC-Que Choisir avait d’ailleurs porté plainte contre le fabricant