Linky : charge de la Cnil contre EDF et Engie

Le gendarme des donnĂ©es personnelles vient d’annoncer la mise en demeure d’EDF et d’Engie, en leur qualitĂ© de fournisseurs d’électricitĂ© exploitant les compteurs connectĂ©s Linky. La Cnil leur reproche un dĂ©faut de recueil du consentement Ă©clairĂ© et spĂ©cifique et des durĂ©es de conservation des donnĂ©es trop longues.

Sur le dossier ĂŽ combien sensible des compteurs Linky, la Cnil se montre particuliĂšrement vigilante. Ainsi, en mars 2018, elle Ă©pinglait Direct Energie, lui reprochant d’échouer Ă  recueillir de maniĂšre conforme Ă  la rĂ©glementation le consentement des usagers Ă  la collecte et au traitement de leurs donnĂ©es de consommation Ă©lectrique. En octobre de cette mĂȘme annĂ©e, la mise en demeure Ă©tait clĂŽturĂ©e, le fournisseur d’électricitĂ© s’étant entre temps mis en conformitĂ©.

Deux ans plus tard, c’est au tour d’EDF et d’Engie d’avoir droit aux attentions du gendarme des donnĂ©es personnelles. Les deux fournisseurs ont Ă©tĂ© mis en demeure. Fait rare, la Cnil reconnaĂźt dans son communiquĂ© qu’au terme des contrĂŽles menĂ©s, « EDF et ENGIE sont dans une trajectoire globale de mise en conformité ». Ce qui n’empĂȘche pas le constat de deux manquements que le rĂ©gulateur entend voir cesser dans les trois mois.

Pas assez Ă©clairé 

A commencer par le consentement des usagers. Si EDF comme Engie demandent effectivement Ă  leurs usagers s’ils acceptent la collecte de leurs donnĂ©es, ce consentement n’est ni spĂ©cifique, ni suffisamment Ă©clairĂ©. En effet, une seule case Ă  cocher pour deux voire trois finalitĂ©s distinctes : affichage des consommations quotidiennes, affichage des consommations Ă  la demi-heure et fourniture de conseils personnalisĂ©s.

Or la Cnil fait remarquer que « un usager peut souhaiter consulter l’historique de ses consommations Ă  la journĂ©e, sans pour autant vouloir transmettre Ă  son fournisseur des donnĂ©es « à la demi-heure », bien plus prĂ©cises sur sa vie privĂ©e. De mĂȘme, il peut vouloir ĂȘtre informĂ© sur sa consommation sans pour autant recevoir des conseils personnalisĂ©s de la part de son fournisseur ».

Outre ce consentement global contraire au RGPD, l’information fournie est insuffisante Ă  ce qu’il soit Ă©clairĂ©. Dans le cas d’EDF, rĂ©fĂ©rence est faite Ă  la « consommation d’électricitĂ© quotidienne (toutes les 30 min) », prĂ©sentant donc sur un mĂȘme plan les deux types de donnĂ©es, ce qui est faux, les relevĂ©s « toutes les 30 minutes » Ă©tant bien « plus rĂ©vĂ©latrices des habitudes de vie des personnes que les donnĂ©es quotidiennes ». Pas mieux du cĂŽtĂ© d’Engie, aucune information n’était fournie permettant de comprendre la diffĂ©rence entre les deux types de donnĂ©es.


 et trop long

Autre manquement, la durĂ©e de conservation des donnĂ©es. Les deux sociĂ©tĂ©s ont bien fait leur travail, Ă  savoir dĂ©finir des durĂ©es de conservation des donnĂ©es. Manque de chance, celles-ci s’avĂšrent parfois trop longues au regard de la finalitĂ© poursuivie. Ainsi, EDF conserve en base active les consommations quotidiennes et Ă  la demi-heure cinq ans aprĂšs la rĂ©siliation. Or les secondes, ne servant pas Ă  la facturation, n’ont pas Ă  ĂȘtre conservĂ©es aussi longtemps aprĂšs rĂ©siliation du contrat.

Du cĂŽtĂ© d’Engie, ce sont les donnĂ©es de consommation mensuelle qui sont conservĂ©es trois ans en base active, puis pendant une durĂ©e de huit ans en archivage intermĂ©diaire. Ce qui lĂ  encore n’est pas justifiĂ©, estime la Cnil. « La conservation des donnĂ©es de consommation mensuelles Ă  l’issue de la rĂ©siliation du contrat n’est pas non plus justifiĂ©e par la mise Ă  disposition de ces donnĂ©es dans l’espace client de l’usager dans la mesure oĂč cette mise Ă  disposition n’est effective que pour une durĂ©e d’un an Ă  l’issue de la rĂ©siliation du contrat » Ă©crit-elle.