Le logiciel libre a-t-il toujours la cote auprès de l’Administration ?

Carte des migrations connues vers OpenOffice ou LibreOffice (© Éric Ficheux).

Alors que Barcelone et Montréal engagent de vastes plans de migration vers le logiciel libre, les collectivités françaises et l’administration d’État sont-elles toujours aussi férues d’open-source ? Il semble en effet, selon les acteurs du secteur, que le logiciel libre n’a jamais autant suscité d’intérêt dans les territoires, les ministères et les autres structures publiques, qu’en cette période de restrictions budgétaires. Près d’un tiers des collectivités en serait désormais équipé !

Depuis le début de l’année, la communauté open source est en ébullition. Deux grandes métropoles internationales ont coup sur coup décidé d’entamer leur migration vers du logiciel libre, prenant ainsi leurs distances vis-à-vis des solutions propriétaires.

La première est Barcelone, capitale de la Catalogne, qui a décidé, d’ici à 2019, de remplacer l’ensemble de ses applicatifs par des alternatives libres. Exit : Microsoft Outlook et Exchange Server, qui seront remplacés par OpenXchange. Même chose pour Internet Explorer et Microsoft Office, remplacés par Firefox et LibreOffice. À terme, Barcelone envisage d’abandonner Windows pour lui préférer un OS opensource… peut être Ubuntu.

Autre grande migration annoncée, celle que déciderait Montréal. Face à l’obsolescence de plus de 90 % de son système d’information, la plus grande ville du Québec va moderniser son infrastructure et ses applications grâce à l’Open Source. Un projet qui porte sur près de six cents solutions, aujourd’hui en fin de vie. « Montréal souhaite également mettre en place une plate-forme ouverte de services numériques, pour ses agents et pour les citoyens, qui sera basée sur des briques libres », souligne Alexandre Zapolsky, PDG de Linagora, dont la filiale de Montréal participe au projet. Si le logiciel libre réalise une percée remarquable auprès de l’administration publique espagnole et québécoise, qu’en est-il des collectivités hexagonales, et même de notre administration d’État ?

Même s’ils demeurent parfois discrets, les projets de migrations vers des solutions opensource n’auraient jamais été aussi nombreux en France, assurent les principaux acteurs du secteur. « Il y a 15 ans, c’était original pour une collectivité de passer au logiciel libre. Aujourd’hui, cela devient normal. Les DSI regardent les deux types de solutions, propriétaire et libre, et c’est alors : “ Que le meilleur gagne ”. Et le libre gagne de plus en plus souvent ! », assure Pascal Kuczynski, délégué général de l’Adullact (Association des développeurs et des utilisateurs de logiciels libres pour les administrations et les collectivités territoriales). Il demeure cependant difficile de donner un chiffre précis du nombre de collectivités ayant fait le choix du libre. Elles seraient plus d’une dizaine de milliers, assurent simplement les promoteurs du libre. L’Adullact compte pour sa part trois cents membres, qui travaillent directement avec un écosystème de 5 000 collectivités, elles-mêmes en contact avec entre 10 000 à 15 000 structures territoriales, explique l’association. On peut donc raisonnablement estimer qu’environ un tiers des communes françaises utilisent aujourd’hui du logiciel libre. Même s’il n’y a pas de raz de marée de l’Open-Source dans les collectivités, le phénomène a tout de même pris de l’ampleur. Surtout depuis deux à trois ans, du fait des baisses de dotations aux collectivités territoriales, expliquent les acteurs du libre. « Il y a un effet de levier manifeste, car les collectivités sont obligées de réfléchir différemment, de continuer à se moderniser avec moins de moyens », estime Romain Pierronnet, conseiller municipal délégué au numérique de la ville de Nancy.

Principales motivations : les coûts réduits et la «philosophie» du libre

Pour quelles raisons une collectivité choisit le logiciel libre ? Réduire les coûts est sans surprise une des premières motivations. « Le libre est très souvent moins cher que le propriétaire, pour faire aussi bien, si ce n’est mieux », assure Pascal Kuczynski. Un avis partagé par Nantes Métropole, une des références de collectivités ayant migré vers le libre. « Notre migration de 5 000 postes vers LibreOffice n’a pas uniquement été motivée par une politique en faveur du libre. C’est aussi un choix pragmatique », explique Éric Ficheux, chef de projet « usages collaboratifs » au département des ressources numériques. Réalisée entre 2014 et 2016, cette migration de MS Office vers la suite bureautique libre a déjà permis d’atteindre 1,6 million d’euros d’économies. Environ 260 000 euros sont économisés chaque année, car « il n’y a plus besoin de renouveler des licences ».

Même son de cloches à Nancy, autre grande référence de migration vers l’Open-Source. « Le libre nous permet de continuer à innover avec moins de moyens. C’est de l’argent mieux dépensé, car nous favorisons la qualité des services et l’accompagnement des agents, plutôt que de payer des licences », indique Romain Pierronnet. Cette ville de la région Grand Est a notamment déployé la solution de gestion des résultats électoraux « openRésultat », une des briques de la suite « openMairie ». « Cette solution nous a fait gagner 6 000 euros en 2017 », indique le responsable. Mais surtout, Nancy débute aussi une migration vers LibreOffice à compter de 2018. « Avec 660 postes prévus pour cette migration, nous devrions économiser environ 100 000 euros par an », estime Romain Pierronnet.

Le choix du libre peut également correspondre à une volonté purement politique, comme c’est le cas à Fontaine, commune de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle fut l’une des premières collectivités à migrer vers l’Open Source. « La décision remonte à 2001. Il s’agissait surtout d’exploiter des solutions en accord avec les valeurs du service public », confie Nicolas Vivant, DSI de la commune. « Le logiciel libre possède une philosophie non mercantile, qui veut que le profit n’est pas la première des motivations. Par ailleurs, il est basé sur le partage et le travail en communauté. Cela correspond au fonctionnement des collectivités qui sont nombreuses à vouloir partager leurs bonnes pratiques. Nous avons ainsi régulièrement des visites d’autres collectivités intéressées par notre expérience. Et plusieurs villes de notre agglomération exploitent aujourd’hui des solutions que nous avions précédemment mises en place. » La migration de la commune de Fontaine est très complète. Côté infrastructure : les serveurs de fichiers sont sous OpenLDAP, celui de messagerie sous Cyrus, le pare-feu est Shorewall… Et les postes de travail sont équipés de Thunderbird, Firefox, LibreOffice et pour un tiers du parc, soit environ deux cents machines, de l’OS libre « elementary OS ». Nancy évoque également cette vision « communautaire » de l’informatique. « C’est dans cet esprit que nous avons mis en place depuis 2017 : l’événement : «Libre sur la place». Il propose une réflexion sur le logiciel libre dans les collectivités. Cet événement a accueilli une centaine de participants l’année passée, dont des représentants d’autres communes. « Une édition 2018 est d’ores et déjà prévue », indique Romain Pierronnet. Même approche à Nantes : « Nous partageons bien entendu nos développements avec la communauté. Nous travaillons par exemple sur l’amélioration de l’ergonomie d’Impress, l’outil de présentation de LibreOffice. Et cette évolution bénéficiera à tous », souligne Éric Ficheux.

Même à Fontaine, où la philosophie du libre est le premier argument, les économies sont les « bienvenues ». « Nous réalisons 100 000 euros d’économies par an sur l’ensemble des briques. Cela est réalisé sur l’achat des licences, mais aussi sur le parc informatique qui est renouvelé moins souvent. Comme elementary OS requiert moins de puissance que Windows, nous ne renouvelons nos postes de travail que tous les six ans au lieu de cinq », poursuit Nicolas Vivant. Enfin, ces collectivités évoquent également des avantages techniques. « Avec un OS Linux nous n’avons plus besoin d’antivirus », souligne Nicolas Vivant. « Et pour installer l’OS sur une machine, cela prend 7 minutes contre une heure et demain avec Windows ». Pour Pascal Kuczynski, délégué général de l’Adullact, le mode de développement du libre permettrait aussi de coller au plus près des fonctionnalités demandées par les collectivités. « Une solution libre est réalisée avec des groupes de travail qui décident librement des fonctions à intégrer. Avec un éditeur propriétaire, il y a aussi des groupes de travail. Mais au final, c’est quand même lui qui décide ce qu’il va proposer, car son modèle économique oriente les évolutions de sa solution », assure-t-il.

Les plates-formes sont si simples à faire migrer

Si les avantages du libre sont nombreux, tous s’accordent à dire que les migrations sur l’infrastructure IT, à commencer par les serveurs, est relativement simple à mettre en œuvre. Principale raison : les changements restent invisibles pour l’utilisateur final. En revanche, s’attaquer au poste de travail reste un véritable défi. Nancy, Nantes ou Fontaine ont ainsi toutes débutées leur projet opensource par les plates-formes. Ce n’est qu’ensuite qu’ils ont progressivement déployé du libre sur les postes de travail, en se donnant au moins deux ans pour accompagner les agents vers les nouvelles solutions libres. À Fontaine, on préfère même ne se donner aucune échéance. « Nous allons continuer de migrer nos postes de travail vers Linux progressivement, sans avoir de date butoir », souligne Nicolas Vivant. « La migration vers le libre nécessite du temps, si vous vous précipitez, c’est l’échec », prévient Romain Pierronnet.

Pour accompagner ce changement, l’exemplarité de la DSI et de la direction générale sont des éléments clé. « Nous avons commencé par équiper en LibreOffice le département informatique afin qu’il montre l’exemple », explique ainsi Éric Ficheux. À Fontaine : « C’est notamment la direction générale et d’autres décideurs qui ont été les premiers bêta-testeurs d’elementary OS », souligne Nicolas Vivant. La formation est bien entendu l’autre condition du succès. Ces trois collectivités ont toutes mise en place des formations d’un à deux jours par solution, réalisées par des services internes ou en collaboration avec des sociétés de formation.

Les freins à l’adoption du libre

Pourquoi certaines collectivités rechignent-elles encore à passer au logiciel libre ? « Il faut un certain degré d’implication, au plus haut niveau, et un minimum de compétences en logiciel libre pour qu’un projet aboutisse », estime Éric Ficheux. « Or, les collectivités n’ont pas toujours le temps et la capacité humaine de s’investir dans un tel projet. » Il pointe aussi quelques écueils des logiciels libres, qui peuvent dissuader certaines collectivités à franchir le pas : « L’ergonomie des solutions est assez inégale. Par ailleurs, certaines corrections de bug sont rapidement réalisées par la communauté, en général les plus critiques, mais d’autres peuvent prendre un certain temps ». Nantes évoque également certains problèmes d’interopérabilité lors des échanges de fichiers avec d’autres collectivités ou des prestataires partenaires.

Enfin, certaines applications métier n’ont pas encore d’équivalent libre. « Nous avons gardé des logiciels d’urbanisme en version propriétaire car il n’y a pas, pour l’instant, d’alternatives », confie Nicolas Vivant. Pascal Kuczynski, délégué général de l’Adullact, estime pour sa part que l’offre de logiciels libres « couvre aujourd’hui les besoins les plus courants des collectivités ». Le catalogue de l’association compte un peu plus d’une centaine de solutions « opérationnelles » et environ sept cents briques à « différents degrés de maturité ».

L’administration d’État affiche son soutien autour du libre

Depuis plus d’une dizaine d’années, l’administration d’État s’est publiquement engagée en faveur du logiciel libre. Rappelons qu’en 2012, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait signé une circulaire qui incitait clairement les ministères à exploiter des logiciels libres. Sans être de nature « obligatoire », cette circulaire recommandait l’usage de l’Open-Source dans l’administration, pour des raisons de coûts mais aussi d’indépendance technologique. La « Loi pour une République numérique », d’octobre 2016, a poursuivi dans cette voie en demandant à nouveau d’« encourager » l’usage des logiciels libres au sein de l’administration publique, notamment les ministères.

Au-delà de ces recommandations, qu’en est-il concrètement sur le terrain ? « Le logiciel libre occupe une place essentielle dans notre action, non pas seulement en tant que ressource, mais aussi en tant qu’accès à des communautés et que ressort pour internaliser dans les équipes de nouveaux talents et de nouvelles compétences », explique Henri Verdier, directeur de la Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication (DINSIC). « Le logiciel libre prend une place croissante avec la volonté de l’État de ne plus être simple utilisateur mais de devenir également contributeur. Avec la loi République numérique, les codes sources des administrations sont inscrits sous le régime de l’opendata par défaut à partir d’octobre 2018 », poursuit-il.

Même si la volonté est là, il reste cependant assez difficile de connaître en détail l’usage des solutions libres au sein de l’administration d’État. Dans un rapport de la Cour des comptes publié en février, la juridiction financière observait qu’il « n’existait pas à la fin 2017 d’état des lieux du recours aux logiciels libres au sein de l’administration ». Bref, il faut se contenter d’informations éparses.

La Dinsic évoque principalement des projets en cours de développement, comme celui du logiciel Vitam (Valeurs immatérielles transférées aux archives pour mémoire), une future solution interministérielle de gestion des archives, ou encore la messagerie collaborative de l’État (MCE) qui « s’appuie uniquement sur des briques libres », souligne Henri Verdier. OpenStack a également été retenu pour la création d’une infrastructure cloud interministérielle.

De son côté, la société Linagora, évoque des déploiements déjà réalisés au ministère des Finances, pour lequel elle assure des prestations de maintenance et de gestion de cycle de vie. Rappelons que la Direction générale des finances publiques (DGFiP) met en place des logiciels libres depuis les années 2000. Elle utilise des OS Linux sur la plupart de ses serveurs. Les postes de travail sont également équipés de logiciels libres (messagerie, suite bureautique et navigateur). Autre déploiement déjà réalisé : celui de la gendarmerie qui dispose de plus de 70 000 postes sous Ubuntu (lire encadré ci-contre).

Notons également que sur le site de partage de code Github, le ministère de l’Agriculture et l’Institut national dédié à la recherche en matière numérique (Inria) figurent parmi les plus importants contributeurs aux développements de logiciels libres. En toute logique, ils devraient donc également être des utilisateurs de solutions open-source.

Toujours selon Linagora, les ministères de la Défense et de l’Éducation nationale commenceraient à s’ouvrir aux logiciels libres, même s’ils possèdent encore des relations très étroites avec Microsoft. Le ministère de la Défense bénéficie ainsi, depuis 2009, d’un accord-cadre avec la firme de Redmond, très souvent critiqué par les défenseurs du Libre. Et cet accord a renouvelé pour la période 2017-2021. De son côté, l’Éducation nationale possède aussi, depuis 2015, un accord avec Microsoft. « Mais Microsoft n’est plus contre le logiciel libre, il n’y a plus d’antagonisme comme par le passé », tempère Alexandre Zapolsky, PDG de Linagora, qui assure que le logiciel libre n’a jamais intéressé autant l’ensemble des ministères, même ceux garants des liens forts avec Microsoft.

La Cnam renforce l’usage des logiciels libres

« Nous observons globalement une très forte croissance de notre chiffre d’affaires dans le secteur public », poursuit Alexandre Zapolsky. Il évoque par exemple un récent contrat remporté en janvier auprès de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (Cnam). Pendant trois ans, Linagora va assurer le support d’une centaine de logiciels libres utilisés par cette organisation publique, et fournir également des prestations d’expertises. « La Cnam change de dimension et accélère dans sa transformation digitale et sa plate-formisation », poursuit le dirigeant. Dans ce cadre, la Cnam passe à une « échelle supérieure » dans l’usage des logiciels libres, indique-t-on chez Linagora.

« Je ne crois pas que l’État reviendra à des achats massifs de licences propriétaires, pour la bureautique, la messagerie, la suite bureautique et bien entendu pour leur infrastructure », conclut Alexandre Zapolsky.

Une perspective de recours croissant au logiciel libre qui correspond en effet au projet « d’État plate-forme », promu par Henri Verdier. « Le logiciel libre occupe une place fondamentale au sein de l’État plate-forme qui est au cœur de la stratégie de la Dinsic. L’objectif est de proposer des communs numériques au service des citoyens, des entreprises et des administrations. Les logiciels libres tout comme l’open data sont essentiels pour permettre cette réutilisation voire cette réappropriation pour tous les services qui s’appuient sur l’État plate-forme. France Connect Plate-fome (système d’authentification unique pour les services publics en ligne, NDLR) en constitue le socle. Cette solution a vocation à utiliser et à être produit en logiciels libres », conclut le directeur de la Dinsic.

La plate-forme de services en ligne de la ville de Nancy repose sur le logiciel libre Publik.

Le poste de travail de la ville de Fontaine intègre LibreOffice, VLC, Thunderbird, Firefox et, pour 200 postes sur 600, ElementaryOS, OS Linux basé sur Ubuntu.

Les affiches de promotion de l’événement « Rencontre du logiciel libre », en 2016 dans la ville de Fontaine.


LA GENDARMERIE A MENÉ LA PLUS LARGE MIGRATION LINUX DE FRANCE

C’est le cas d’adoption d’un OS Linux le plus régulièrement cité par les promoteurs de l’OpenSource. Entamée en 2004, la migration de la maréchaussée vers des solutions libres a débuté par le déploiement de Firefox, du client de messagerie Thunderbird ainsi que la suite bureautique OpenOffice. Mais depuis 2008, la gendarmerie a remplacé progressivement Windows par une déclinaison d’Ubuntu : « GendBuntu ». Développé par ses propres services informatiques, cet OS intègre notamment des briques de sécurité et une interface visuelle spécifique. Bouclée en 2014, cette migration a porté sur 70 000 postes, ce qui représente la plus grosse migration vers un OS Linux en France. Il reste simplement une dizaine de milliers de postes de travail sous Windows pour faire tourner quelques « clients lourds spécifiques », notamment pour la comptabilité et pour des enquêtes techniques ou scientifiques. La raison principale de cette migration était financière. En 2008, Windows arrivait en fin de support et Microsoft incitait à passer à Vista. La gendarmerie faisait alors face à des contraintes budgétaires importantes et a donc cherché une alternative moins onéreuse que de renouveler ses licences Windows. (Lire également à ce sujet L’Informaticien n°151)


LES LOGICIELS LIBRES RECOMMANDÉS PAR L’ÉTAT

● Sécurité : KeePass 2.3 (gestion de mots de passe), VeraCrypt 1.18a (chiffrement de disque)

● OS serveur : CentOS 7.4, Ubuntu-Eole 2.6, Debian 8

● Serveur de fichier : Samba 3

● Inventaire, télédéploiement et découverte du réseau : OCS Inventory NG serveur 2.3

● Virtualisation serveur : OpenStack (version distribution)

● Suite bureautique : LibreOffice 5.4

● Dessin : The Gimp 2.8.22

● Messagerie : Thunderbird 52

● Navigateur : Firefox ESR 52

● Compression de contenu : 7zip 16.04


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