La loi "Haine sur Internet" dite loi Avia du nom de sa rapporteure a Ă©tĂ© adoptĂ©e en ultime lecture par lâAssemblĂ©e nationale mais son application soulĂšve beaucoup de questions et le Conseil constitutionnel pourrait bien ĂȘtre amenĂ© Ă examiner le texte, qui met Ă lâĂ©cart le juge judiciaire.
MalgrĂ© les polĂ©miques sur la porteuse du projet, la loi sur la lutte contre les contenus haineux en ligne, dite loi Avia, a finalement Ă©tĂ© adoptĂ©e par lâAssemblĂ©e nationale. Ce texte devrait entrer en vigueur dâici Ă juillet, Ă moins que les Sages du Conseil constitutionnel, que certains parlementaires de lâopposition entendent saisir, nây mettent leur grain de sel.Â
En effet, cette loi est susceptible dâentrer en contradiction avec certains principes juridiques et avec la libertĂ© dâexpression, puisquâelle impose aux plateformes, type rĂ©seaux sociaux, de retirer des contenus en moins de 24h aprĂšs leur signalement comme illicites (racisme, sexisme, homophobie, etc...). Des infractions dĂ©jĂ inscrites dans la loi française.
Délégation au privé
Mais, dans le cas de la loi Avia, dĂ©cider de la licĂ©itĂ© ou non dâun contenu nâĂ©choit pas au juge, mais relĂšve dĂ©sormais de la compĂ©tence des seules plateformes. Qui, faute de rĂ©action Ă un signalement, sâexposent Ă de lourdes amendes. Ce qui pourrait donc inciter Twitter et consorts Ă opter pour un durcissement de leur politique de retrait des contenus.Â
Et câest, entre autres facteurs, lâune des principales critiques adressĂ©es Ă cette loi. Dâune part, le juge est exclu sinon pour sanctionner les plateformes, quand ces derniĂšres se voient accorder le pouvoir de juger de la licĂ©itĂ© dâun contenu. Dâautre part, les sites en ligne risquent bien de trancher les litiges Ă la hache, quitte Ă faire peu de cas de la libertĂ© dâexpression.Â
Dâautant que le pouvoir de sanctionner les plateformes Ă©chappe Ă nouveau au juge pour ĂȘtre confiĂ© au CSA, qui obtient enfin sa tant dĂ©sirĂ©e compĂ©tence Ă rĂ©guler les contenus en ligne. Lâamende quâil peut infliger aux plateformes contrevenantes peut grimper Ă 4% de leur chiffre dâaffaires annuel, tandis que le Conseil SupĂ©rieur de lâAudiovisuel jouera Ă©galement un rĂŽle dâaccompagnateur et dâobservateur des plateformes dans leur mise en conformitĂ©.
La proposition de loi visant Ă lutter contre les contenus haineux sur internet a Ă©tĂ© adoptĂ©e le 13 mai par 355 voix contre 150 (505 suffrages exprimĂ©s sur 552 votants). L'essentiel du dossier lĂ©gislatif peut ĂȘtre retrouvĂ© sur cette page du site de l'AssemblĂ©e nationale.